La Débrouille — Maison d’aide et d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale
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Historique

Le 15 septembre 1982, la violence faite aux femmes devient une priorité pour la Maison des femmes du Bas Saint-Laurent lors de son assemblée générale extraordinaire. À cette époque, les femmes du milieu relatent qu’il n’existe aucun endroit sécuritaire dans la région de Rimouski pour accueillir les femmes et les enfants victimes de violence. D’ailleurs, afin d’assurer leur sécurité et de leur offrir l’aide nécessaire, ce sont les intervenantes de la Maison des femmes du Bas Saint-Laurent qui les accueillent chez elles ou encore au sein de l’organisme.

Pour répondre aux besoins des femmes et des enfants, le conseil d’administration de la Maison des femmes du Bas Saint-Laurent, aujourd’hui appelée le Centre-femmes de Rimouski, met sur pied le « comité maison d’hébergement ». Ce dernier est composé de Josée Desrosiers, Monique Savoie, Carole Villeneuve et Hélène Vézina. Celles-ci sont appuyées par Thérèse Dumais, Marthe Simard et Hélène Cadrin en cas de besoin. Nous assistons dès lors aux balbutiements de La Débrouille telle que nous la connaissons aujourd’hui.

À la suite de la création de ce comité, la première phase d’implantation de la maison d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale est enclenchée, à savoir d’avril à décembre 1983. Une subvention de 13 500 $ est octroyée au « comité maison d’hébergement », ce qui permet l’embauche de deux travailleuses à temps plein et d’une à temps partiel. C’est en septembre 1983 que le nom « La Débrouille » lui est attribué légalement et qu’elle devient, par le fait même, une structure indépendante de la Maison des femmes du Bas Saint-Laurent. Or, un an plus tard, le « comité maison d’hébergement » est dissout et La Débrouille fait l’acquisition de ses lettres patentes. C’est la naissance légale de La Débrouille.

De janvier à août 1984, la deuxième phase d’implantation de La Débrouille peut donc être amorcée. Par exemple, une subvention de 10 000 $ des Programmes Canada au Travail et Été Canada permet d’embaucher trois travailleuses pour 13 semaines. Les démarches pour l’acquisition d’une maison sont entreprises en juin 1984. En octobre de la même année, du personnel permanent est embauché, soit une directrice animatrice, deux animatrices à temps plein ainsi qu’une secrétaire comptable à temps partiel. La recherche d’une maison répondant aux besoins des femmes, mais aussi aux règlements municipaux s’avère néanmoins difficile. Pour remédier à la situation, les responsables décident de louer temporairement une maison pour répondre aux besoins urgents des femmes, soit du 4 février 1984 au 1er juillet 1985. Les intervenantes s’organisent comme elles le peuvent, c’est-à-dire qu’elles tentent de veiller à la sécurité, même si la maison louée n’est pas munie d’un système de sécurité. Les dons alimentaires permettent de nourrir les femmes et les enfants, il y a entraide, bravoure et solidarité.

L’acquisition officielle de la maison se fait le 1er juillet 1985, elle répond enfin à tous les critères municipaux, mais aussi aux besoins des femmes et des enfants victimes de violence conjugale. Le 30 mars 1985, La Débrouille devient officiellement membre du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.

Les premières années de La Débrouille sont caractérisées par un faible financement et une forte solidarité entre les femmes de la communauté. Les intervenantes et les quelques bénévoles se démènent pour assurer un milieu de vie sain et sécuritaire. En effet, ce sont les intervenantes qui voient aux déménagements des femmes et ce sont elles aussi qui se rendent dans les milieux violents pour que les femmes et leurs enfants puissent se réfugier à La Débrouille. D’ailleurs, les intervenantes accompagnent les femmes, avec leur voiture, lorsque les enfants doivent rejoindre leur père (situation de garde partagée). L’homme violent connait ainsi les intervenantes et leurs voitures ce qui pouvait les mettre en danger. De plus, de 1985 à 1988, les quarts de nuit n’existent pas encore. Or, l’intervenante qui quittait à 23 heures amenait le téléphone de La Débrouille avec elle pour s’assurer de répondre aux urgences. C’est une toute autre époque.

À titre indicatif, de février 1985 à mars 1990, 425 femmes et 379 enfants ont été hébergés, totalisant ainsi 13 606 jours d’occupation. En 1990, la définition officielle de La Débrouille est la suivante : « La maison d’hébergement offre une ambiance chaleureuse et familiale. Elle favorise un contact soutenu entre les intervenants, les femmes et les enfants hébergés : ceci visant un rapport égalitaire. Nous encourageons un mode de vie communautaire, l’échange et l’entraide entre les femmes hébergées de façon à déprivatiser la violence conjugale et développer la solidarité des femmes. Nous croyons aux possibilités des femmes hébergées en favorisant leur autonomie, leur capacité de choisir et leur prise en charge par elles-mêmes de leur vie et ainsi augmenter leur puissance en soi. » C’est d’ailleurs en 1990 que l’inauguration officielle de La Débrouille, maison d’aide et d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, est faite au sein de la communauté rimouskoise.

Les années 1990 sont synonymes d’organisation et de structuration. De fait, la maison nécessite des rénovations importantes, dont une qui oblige toute l’équipe, les femmes et leurs enfants d’être relogés pour quelques mois dans un autre lieu. Une autre rénovation majeure, cette fois-ci au rez-de-chaussée, fait en sorte que toutes les activités de la maison sont au sous-sol, c’est-à-dire les interventions, la vie communautaire, les repas, etc. Les chambres au deuxième étage sont néanmoins accessibles. Afin de mettre en lumière les conditions de vie et de travail des intervenantes, des femmes et des enfants, il faut savoir qu’il y a des rats au sous-sol lors des rénovations. Encore une fois, c’est une autre époque pour La Débrouille.

Les années qui suivront seront synonymes d’un meilleur financement pour La Débrouille, mais aussi d’une reconnaissance de la violence conjugale comme étant une problématique sociale, et cela, partout au Québec. La Débrouille participe d’ailleurs en 1995 à la Marche Du pain et des Roses organisée par la Fédération des femmes du Québec. La fin des années 1990 et le début des années 2000 sont marquées par une réelle amélioration des conditions de travail tant à La Débrouille que dans les autres maisons d’hébergement de la province. En effet, La Loi sur l’équité salariale de 1996 va permettre une augmentation du salaire des intervenantes.

En 2004, sous le règne de Jean Charest, le gouvernement québécois augmente le financement pour contrer la problématique de violence conjugale. En effet, « les ministres ont annoncé que Québec consacrerait 65 millions de dollars d'argent réaffecté à la mise en place d'un plan de lutte contre la violence conjugale dont la réalisation s'échelonnera jusqu'en 2009 » . Ces investissements visent, entre autres, la prévention de la violence conjugale (campagne de sensibilisation) ou encore la formation du personnel (CLSC, hôpitaux) pour dépister plus rapidement les signes de violence conjugale .

Des débuts de La Débrouille jusqu’en 2008, l’équipe compte peu d’intervenantes, elles travaillent la majeure partie du temps seules et la maison est toujours pleine. Les intervenantes ont donc beaucoup à faire, ce qui ne leur permet pas nécessairement de se concentrer sur le développement d’outils d’intervention, par exemple. Tous les documents étaient manuscrits et les intervenantes n’avaient pas accès à un ordinateur. Or, à partir de 2008, les conditions de travail des intervenantes s’améliorent, il est possible d’embaucher davantage de personnel et les connaissances quant à la violence conjugale s’étoffent et se diffusent. Or, de nouvelles intervenantes formées tant au collégial que dans le milieu universitaire s’ajoutent au personnel sur place et elles déploient leur expertise. Elles axent leurs interventions sur la sécurité de toutes, c’est-à-dire qu’il n’est plus question, par exemple, d’aller chercher les femmes et leurs enfants dans le milieu violent. Nous assistons dès lors à une professionnalisation du travail à La Débrouille.

En 2013, La Débrouille organise une campagne de sociofinancement qui lui permet d’amasser 100 000 $ avec l’aide de la communauté bas-laurentienne. Cette somme importante lui donnera la possibilité de faire une chambre adaptée pour les personnes à mobilité réduite. Ces rénovations commencent en 2014.

Enfin, de la création de La Débrouille jusqu’à 2008, la gouvernance est confiée à une coordonnatrice. Par la suite, le titre et la fonction changent pour celui de directrice. C’est le 4 juin 2019 que La Débrouille se dote d’une structure organisationnelle de cogestion. Deux coordonnatrices sont dès lors nommées et cinq comités sont créés : le comité intervention, le comité ressources humaines, le comité sororité, le comité coordination et le comité stratégie d’action collective et de sensibilisation. Cette nouvelle structure de gestion permet ainsi de faire briller les valeurs et la philosophie féministe de La Débrouille tout en répondant rigoureusement à la mission de l’organisme.